Les ministres des Finances du G7 réunis avec l’Ukraine, les tensions commerciales en toile de fond
(Alliance News) – Les principaux responsables financiers des pays du G7 se réunissent à partir de mardi au Canada, avec en tête des préoccupations la guerre en Ukraine et les conséquences des vastes droits de douane imposés par le président américain Donald Trump.
Les discussions, qui se tiendront jusqu’à jeudi, porteront sur la conjoncture économique mondiale. Les participants chercheront à adopter une position commune sur l’Ukraine, tandis que d’autres sujets comme les pratiques non commerciales seront également à l’ordre du jour.
Le ministre ukrainien des Finances, Sergii Marchenko, assistera également à cette réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7, qui se tient dans la province canadienne de l’Alberta.
Ces échanges ont lieu dans un contexte d’approche incertaine des démocraties du G7 face à la guerre en Ukraine, déclenchée par l’invasion russe en 2022, depuis le retour de Trump à la présidence cette année.
Autrefois unis, les pays du G7, Royaume-Uni, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon et États-Unis, sont désormais ébranlés par les positions de Trump, qui a tendu la main à la Russie tout en imposant des droits de douane à la fois à ses alliés et à ses concurrents.
Trump a affirmé lundi que des pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine allaient s’ouvrir, après un échange avec le président russe Vladimir Poutine.
Une source informée de la participation américaine à la réunion de Banff, en Alberta, a indiqué que Washington n’était « pas enclin à publier un communiqué pour le simple principe », ajoutant que tout consensus devra s’aligner sur les priorités de l’administration Trump.
Le Premier ministre canadien Mark Carney a précédemment invité le président ukrainien Volodymyr Zelensky au sommet du G7 en juin. Sergii Marchenko devrait répondre aux questions des médias mardi.
Un porte-parole du Trésor américain a indiqué que le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, chercherait à « revenir aux fondamentaux » en recentrant les discussions sur les déséquilibres économiques et les pratiques non conformes au marché, tant au sein du G7 que dans les pays extérieurs.
La même source a souligné qu’il était inacceptable, selon la perspective du G7, que certains pays permettent à la surcapacité industrielle de la Chine d’inonder leurs marchés intérieurs, un sujet qui figurera à l’agenda.
Alors que le G7 aborde traditionnellement des politiques communes sur le commerce, la sécurité ou le climat, les experts alertent sur l’imprévisibilité des débats, dans un climat de tensions internes.
« Il s’agit d’un G7 inhabituel », a déclaré Ananya Kumar, directrice adjointe au sein du think tank Atlantic Council, basé à Washington.
Si les discussions portent souvent sur les grandes priorités communes, comme les sanctions contre la Russie, l’impact économique des tarifs douaniers imposés par Trump plane sur les échanges, a-t-elle confié à l’AFP.
Ces derniers mois, Trump a appliqué un droit de douane uniforme de 10 % à la majorité des partenaires commerciaux des États-Unis, menaçant de hausses supplémentaires visant notamment l’Union européenne.
Il a également imposé des taxes sur les importations d’acier, d’aluminium et de voitures, aggravant les tensions avec les membres du G7. L’application d’un récent accord avec le Royaume-Uni demeure incertaine.
Le mois dernier, le Fonds monétaire international a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale en raison de l’impact de ces mesures, indiquant que des partenaires majeurs des États-Unis, comme le Canada, seraient touchés négativement.
« C’est l’éléphant dans la pièce », estime Kumar. « Un indicateur possible de succès serait que les États-Unis souhaitent réellement engager des négociations commerciales avec ces pays. »
Même si les responsables ont confié à l’AFP ne pas attendre de signature d’accords cette semaine, ils affirment que les discussions ont progressé et que cette réunion à Banff représente une nouvelle opportunité de trouver un terrain d’entente.
Les dirigeants du G7 observeront de près Scott Bessent, qui a contribué à la désescalade dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.
« Il a montré qu’il pouvait être l’adulte responsable dans la pièce », a déclaré Carl Weinberg, économiste en chef chez High Frequency Economics.
Mais Bessent reste « sous pression de l’administration Trump pour faire avancer son agenda », a précisé Weinberg à l’AFP.
Avancer sur la question du commerce pourrait aussi permettre de progresser sur d’autres dossiers, selon Kumar, du Atlantic Council.
Elle s’attend à ce que les membres réaffirment aussi leur « engagement en faveur du statu quo sur l’Ukraine ».
Le ministre canadien des Finances, François-Philippe Champagne, co-présidera les séances consacrées à l’économie mondiale, à la résilience économique et à la sécurité, en lien avec la situation en Ukraine.
D’autres sessions porteront sur la criminalité financière et l’intelligence artificielle.
Par Beiyi Seow
Source : AFP
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