(Alliance News) – L’euro a grimpé jeudi à son plus haut niveau face au dollar depuis fin 2021, porté par les craintes liées aux tarifs douaniers, tandis que la livre sterling a reculé à un plus bas d’un mois contre la monnaie unique, pénalisée par des données économiques britanniques décevantes.

« Le président Trump a relancé la menace tarifaire avec une nouvelle déclaration percutante, rappelant à tous que le 9 juillet n’est pas qu’une simple date, mais une véritable échéance », a commenté Stephen Innes, analyste chez SPI Asset Management.

Il a également souligné que les valeurs refuges traditionnelles comme le yen et le franc suisse se sont renforcées dans un contexte de tensions au Moyen-Orient. Fait inhabituel, le dollar, habituellement considéré comme une valeur refuge, n’a pas bénéficié de cet environnement tendu. À la place, c’est l’euro qui s’est imposé, portant « la couronne de la dé-dollarisation », selon Innes.

« L’incapacité du dollar à se maintenir dans un contexte aussi volatil en dit long sur le mouvement de désengagement vis-à-vis des actifs américains. Il aurait dû profiter de cette situation, mais ce ne fut pas le cas. »

Face au yen, le dollar est tombé à 143,33 JPY jeudi après-midi, contre 144,53 JPY la veille. Il a également reculé à 0,8110 CHF face au franc suisse, contre 0,8194 CHF mercredi.

Contre le dollar, l’euro a bondi à 1,1615 USD, contre 1,1483 USD la veille, atteignant ainsi son niveau le plus élevé depuis octobre 2021.

La livre sterling est montée à 1,3610 USD, contre 1,3544 USD mercredi, freinée toutefois par une performance économique britannique morose. Face à l’euro, la livre est tombée à 1,1717 EUR, contre 1,1794 EUR. Elle a même glissé temporairement sous les 1,17 EUR, atteignant son plus bas niveau depuis fin avril.

Selon l’Office for National Statistics, l’économie britannique s’est contractée de 0,3 % en avril par rapport à mars, après une croissance de 0,2 % en mars. Le consensus s’attendait à une baisse plus modérée de 0,1 %, selon FXStreet.

« Une correction après la hausse exceptionnelle de 0,7 % du PIB au premier trimestre était attendue, notamment avec l’effet de rattrapage lié aux exportations et aux investissements des entreprises avant l’application des tarifs américains, mais aussi avec les hausses d’impôts, de cotisations et de factures d’énergie », ont expliqué les analystes de Lloyds Bank.

« Le recul de l’activité en avril s’est avéré plus marqué que prévu, confirmant que la performance du T1 ne devrait pas se reproduire au deuxième trimestre. »

Contre le dollar canadien, le billet vert a glissé à 1,3623 CAD jeudi, contre 1,3652 CAD la veille. En revanche, face au dollar australien, il a légèrement progressé à 1,5314 AUD, contre 1,5301 AUD mercredi.

« Les dollars australien et néo-zélandais consolident leurs récents gains, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine s’étant légèrement apaisées, tandis que le dollar américain peine à regagner du terrain. Il est plus difficile d’envisager une forte hausse de l’AUD et du NZD par rapport aux monnaies européennes, qui bénéficient actuellement de flux de rapatriement importants. Cependant, la diminution des risques extérieurs liés à la Chine pourrait permettre aux devises océaniennes de surperformer à court terme face à d’autres devises également sensibles au sentiment de marché », ont analysé les experts d’ING.

Par Eric Cunha, rédacteur chez Alliance News

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