L’Europe veut proposer à l’Iran une « solution diplomatique » pour mettre fin à la guerre avec Israël
(Alliance News) – Les puissances européennes espèrent proposer une « solution diplomatique » pour mettre fin au conflit entre l’Iran et Israël lors de discussions prévues à Genève avec le ministre iranien des Affaires étrangères, a déclaré vendredi le président français Emmanuel Macron.
Cette initiative intervient alors que le président américain Donald Trump envisage une éventuelle implication des États-Unis dans un conflit désormais entré dans sa deuxième semaine.
Israël, affirmant que l’Iran est sur le point de développer une arme nucléaire, a lancé une vaste campagne de frappes il y a une semaine, entraînant une riposte immédiate de Téhéran.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, doit rencontrer son homologue iranien Abbas Araghchi à Genève « pour formuler une offre diplomatique et technique complète de négociation », a déclaré Macron à la presse.
La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni « mettent sur la table une solution diplomatique », a-t-il ajouté.
Sur le terrain, l’armée israélienne a déclaré avoir frappé dans la nuit de nombreux objectifs à Téhéran, notamment ce qu’elle qualifie de centre de « recherche et développement du programme nucléaire iranien ».
En Israël, des sirènes d’alerte ont retenti après des tirs de missiles en provenance d’Iran, selon l’armée. La police a indiqué que ses équipes d’urgence, accompagnées d’experts en explosifs, intervenaient « sur le site de l’impact d’un projectile » dans une ville du sud.
Trump a déclaré qu’il prendrait une décision « dans les deux prochaines semaines » quant à une éventuelle implication des États-Unis dans le conflit.
Israël, les États-Unis et d’autres puissances occidentales accusent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique, ce que Téhéran dément.
L’Iran enrichissait jusqu’à présent l’uranium à 60 %, bien au-dessus de la limite de 3,67 % fixée par l’accord de 2015, mais encore en deçà des 90 % nécessaires à la fabrication d’une ogive nucléaire.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a estimé qu’« une fenêtre d’opportunité existe au cours des deux prochaines semaines pour parvenir à une solution diplomatique », tout en rejoignant le secrétaire d’État américain Marco Rubio sur le fait que « l’Iran ne doit jamais développer ni acquérir une arme nucléaire ».
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a affirmé que les États-Unis étaient informés et favorables à la rencontre prévue à Genève.
« L’Iran doit comprendre qu’il doit faire preuve d’un nouveau degré de sérieux et de crédibilité s’il veut éviter une prolongation du conflit », a-t-il déclaré.
Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a souligné que la voie diplomatique était la seule capable de garantir le respect par l’Iran de ses obligations au titre du Traité de non-prolifération nucléaire.
« Les solutions militaires ne sont pas des solutions de long terme », a-t-il affirmé sur la radio française Cnews.
Le ministre iranien Abbas Araghchi a cependant rejeté toute perspective de pourparlers avec les États-Unis tant que les frappes israéliennes se poursuivent.
« Les Américains ont envoyé à plusieurs reprises des messages appelant sérieusement à la négociation. Mais nous avons été clairs : tant que l’agression ne cesse pas, il n’y aura pas de place pour la diplomatie et le dialogue », a-t-il déclaré.
Araghchi doit également s’exprimer vendredi devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, selon le porte-parole de l’institution.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit également se réunir vendredi pour une deuxième session sur le conflit, à la demande de l’Iran, avec le soutien de la Russie, de la Chine et du Pakistan, a indiqué un diplomate à l’AFP mercredi.
Interrogé par CNN, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, a rappelé que l’Iran était le seul pays non déclaré comme puissance nucléaire à enrichir l’uranium à 60 %, tout en précisant qu’aucune preuve ne montrait que Téhéran disposait de tous les éléments nécessaires à la fabrication d’une ogive opérationnelle.
« Dire combien de temps cela leur prendrait relèverait de la pure spéculation, car nous ne savons pas s’il existe des activités secrètes. Nous n’avons rien vu de tel, et nous devons le dire », a précisé Grossi.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré que l’Iran était « à quelques semaines » de pouvoir produire une bombe atomique.
« S’il y a une chance pour la diplomatie, le président la saisira, mais il n’a pas peur d’user de la force si nécessaire », a-t-elle déclaré.
Une éventuelle implication des États-Unis dans la campagne militaire israélienne devrait passer par des frappes contre une installation nucléaire souterraine cruciale à Fordo, à l’aide de bombes perforantes puissantes, que seule l’armée américaine possède.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, favorable à une participation américaine au conflit, a juré que l’Iran « paierait un lourd tribut » après que 40 personnes ont été blessées et plusieurs services hospitaliers détruits lors d’une attaque au missile.
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a qualifié les attaques contre les installations de santé d’« épouvantables », tandis que le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a dénoncé des civils traités comme de simples « dommages collatéraux ».
En Iran, des habitants fuyant les frappes israéliennes ont décrit des scènes d’horreur et des conditions de vie difficiles, marquées par des pénuries alimentaires et une connexion Internet limitée.
« Ces jours et ces nuits étaient terrifiants… entendre les sirènes, les hurlements, le danger d’être touché par un missile », a confié à l’AFP Mohammad Hassan, étudiant à l’université de Téhéran, après son retour au Pakistan natal.
Des manifestations ont éclaté à Téhéran et dans d’autres villes après la prière du vendredi, les manifestants scandant des slogans de soutien aux dirigeants, selon la télévision d’État.
« Je sacrifierai ma vie pour mon guide », pouvait-on lire sur une banderole brandie par un manifestant, en référence au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.
Le bilan en Israël des frappes iraniennes depuis le 13 juin s’élève à 25 morts, selon les autorités.
L’Iran a déclaré dimanche que les frappes israéliennes avaient tué au moins 224 personnes, dont des commandants militaires, des scientifiques nucléaires et des civils.
Par Sebastien Ricci et Ahmad Parhizi avec Elodie Le Maou à Genève et Alice Chancellor à Jérusalem
source : AFP
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